CHAINE DE MONTAGE DE POESIE MECANIQUE

56
DERBY

Un cheval à ventouses
Epuisait la pelouse
Et des garçons en kit
Couraient sous le ballon

Un cheval à melon
Renflouait à crédit(e)
Tous les pipits farlouse
Buvaient du Famous Grouse

Un cheval à spatule
Croquait dans ma spatule
Gâteau de confiture
Coupé au cyanure

Un cheval à guidon
Remplaçait l’canasson
Tous les oiseaux derrière
Buvaient du Blackadder

57

Rends-toi à l’évidence
Ou rends-toi à Menton
Au volant d’un phaéton
Ou du paquebot France

Rends-toi aux conclusions
Prends ton cheval et fonce
En sautant les questions :
Rien ne vaut la réponse

Rends-toi à la raison
Et rentre à la maison
Laquelle est en vacances
Et glisse à l’horizon

58
Il serait temps Léon
Pas plus tard que Gaston
Et moins tôt que Fernand

Il faudrait mieux monsieur
Autant que fair’ se peut
Plutôt à qui mieux mieux

Il serait bon Mickey
Si tant est que j’en aie
Si Pluto que je sois.

59
La lune est embarquée
Et le cœur débarqué
La route est entendue

Dans la brume en arçons
L’otarie fait sa mue
Et devient un oiseau

Le nuage a ses yeux
La lune est un ballon
Sur son bec vaporeux

60

A la grande barquette
Hardis ronds nom de nom
Décollons l’omelette
Hardis ronds nom de nom
Et trempons nos mouillettes
O clairons et trompettes

Baïonnette à l’aubette
Hardis ronds nom de nom
On n’est pas des mauviettes
Hardis ronds nom de nom
On s’est lustré la crête
Jusqu’à la barbichette

Poussons la chansonnette
Hardis ronds nom de nom
Tartinons nos rillettes
Hardis ronds nom de nom
Quand dans nos salopettes
Dessous l’exosquelette
Nous palpons nos oignons

On sent fort l’andouillette
Hardis ronds nom de nom
Et le jus de chaussette
Hardis ronds nom de nom
Et on fait des compètes
Avec des allumettes

On n’est plus des arpettes
Hardis ronds nom de nom
On passe à la buvette
Hardis ronds nom de nom
Vider des éprouvettes
De Suze et d’anisette

Poussons la chansonnette
Hardis ronds nom de nom
Noyons-nous dans la fête
Hardis ronds nom de nom
Quand dans nos salopettes
Dessous l’exosquelette
Nous palpons nos moignons

61
Fume la libellule
Echappe aux mandibules
De la sœur apatride

Si tu meurs au bivouac
T’es déjà dans le sac
L’allumette est humide

Désolé cataracte
L’horizon se difracte
En milliards d’ovoïdes

Fume la canicule
Echappe aux majuscules
De la mère invalide

Si tu meurs au saloon
En costume de clown
Vérifie tes glucides

Désolé pot-aux-roses
Le brouillard se dépose
En lentilles liquides

Fume la particule
Et gobe la capsule
Qui rend extralucide

62
A chaque jour suffit sa peine
A tout club son énergumène
A chaque aimant sa parenthèse

Quand il brumoie la coupe est pleine
Et le rideau tient qu’à la chaîne
Monsieur Loyal a des prothèses

A chaque jour son point qui peine
A chaque soir son ciel de traîne
Toi, dans la nuit, mets-toi à l’aise

Quand ça poudroie fais ton nuage
Tourne le pouce et puis la page
La lune est plus qu’une punaise

63
La lune est plus qu’une punaise
Et les averses des cimaises
Tout le tintouin est suspendu
Comme en haut des talons le cul

Le soleil est un bloc de glaise
Et les nuages sont obèses
Moi j’ai la glotte dans les nues
Comme en haut des talons le cul

La stratosphère a un malaise
Et dieu tourne à la mayonnaise
Désintégré – soudain c’est con
Plus de cul en haut des talons

64

J’ai mesuré la Lune
Et son cousin balèze
Qu’avait posé sa lune
Sur un coussin obèse

Et déchiré l’alèse
En pétant pleine prune
Et en mugissant d’aise
Le vent fronce la dune

J’ai dépensé ma thune
Suis devenu Thérèse
En changeant de prothèse
Comme en tout un chacune

65

Et n’y reviens pas
Ne fais pas celui
Et prends garde à la

Tu n’avais qu’à pas
Ca t’apprendra à
Et prends en de la

L’aurait mieux fallu
Tant que fair’ se pût
Mais t’as préféré

Adieu ou bien à
Qui qui le dira
Quand on s’reverra ?

66

Les perles sont enfilées
La nuit est tombée

La chanterelle au bois coupée

La lune a son chandelier
La mort son gibet

La chanterelle au bois plantée

La silhouette est crépon coupé
L’argenterie frottée

La chanterelle au bois croquée

Le ciel est disséminé
Le cœur éclaté

La chanterelle au bois sciée

67

Ah que j’aime la plume et son ciré coiffé
Sa lanterne à l’enclume et son clocher de suif
Sa poterne à légume et son beau hiéroglyphe

Ah que j’aime l’agrume et son rouet tout neuf
Son ongle qui s’allume et qui pèle son œuf
Sa barbe qui s’enrhume à qui vole un baiser

68

Le gros Casimir
A des embardées
Il suit la chaussée
La chaussée s’étire
La ligne s’enroule
Et l’horizon houle
Il prend le fossé
Comme on prend le thé

69

Je dénoue l’aorte
Et punis le pape
Avec son alèze

Ma mémoire est morte
J’emboîte un satrape
Dedans la mortaise

70

La dame a déchiré
Le voile qui cachait
Le jeu de dames

La dame a déchiré
L’étoffe de sa jupe
Un jeu de dupes

La dame a ravaudé
L’œil brûlant qui couvait
Dessous le drame

71

Jupiter à poils longs
Ou Sésame en soquettes
Pelote au peloton
Dans le col bicyclette

Pédale à verticale
Le gouffre a un bon fond
L’altitude est léthale
Le sommet un melon

Jupiter à la gourde
Ou Sésame à la flasque
Qu’importe les bourrasques
Franchissons la Cougourde

Pédale horizontale
A l’aplomb des abîmes
Chutons du haut des cimes
Dans la plaine absidiale

72

Ne ficelle jamais l’os à moelle
Avec le filet des absinthes
Ou tu déglaceras la poêle
Avec ton propre labyrinthe

Raccroche qui peut ses oreilles
Entende qui as de l’oseille

Ne couvre jamais la fontaine
Avec le bois des orignals
Ou tu fera dresser les poils
D’un monstre très original

Décroche qui peut les groseilles
Détale qui a des orteils

73

J’enrage à la marge
J’entasse à la nasse
Et brasse à la nage
Les flots du pétrin

Je fouette et je crawle
Et je vois le môle
Comme une acropole
A portée de main
Mais les flots m’ensuquent
J’en perds ma perruque
Ma nage est caduque
Er l’espoir éteint

74

Jette la pierre au loin
Ca fendra pas la motte
Ca touchera la glotte
D’un géant ou d’un nain

Jette la pierre au pain
Et le pain dans la bière
Ca fera de la mousse
Et remplira les gousses

Jette la pierre ou bien
Trouve la martingale
Qui la renvoie opale
Dans ta bourse crétin

Jette la pierre au fond
Qu’elle éclate d’un bang
Ou revienne d’un bond
Comme le boomerang

75

Au périscope
Mets-y mon cochonnet
A l’escalope
Déglace au robinet

Lis l’antilope
Et décalque son fez
Et développe
A la barbe et au nez

76

J’aime le papier plié
Dans la bouteille
Les aveux chuchotés
Dans le sommeil
Les coup de vent passés
Dans les oreilles
Et aussitôt séchés
Sous le Soleil

77

A pas lourds
Et gourds, gourds
On t’aplate
On t’aplate l’omoplate

A coups sourds
Et bourre, bourre
On t’éclate
On t’éclate la rate

78

Le sirop a plu
Comme un thermomètre
Planté dans le cul
De ni Dieu di maître

Et j’ai résolu
L’abscisse et la lettre
A l’applaudimètre
On s’était gouru

Car c’était couru
L’abeille à salpêtre
La fleur millimètre
C’est pas melliflu

79

Il est amoureux
Il n’a ni le ciel
Encombré d’émeus
Ni le carrousel qui prend feu

Il est amoureux
Il n’a ni nacelle
Où couler son feu
Ni sac d’étincelle au milieu

Il est amoureux
Il met sa crécelle
Dans le pot-au-feu
Qui fait demi-sel / demi-dieu