CHAINE DE MONTAGE DE POESIE MECANIQUE

30
Améthyste était pierre
Et Pierre était bien triste
De n’être pas un lierre

La campagne était folle
Incendiée de paroles
Et semée de cailloux

L’émeraude était lourde
A la médaille poids
Et la femme était gourde

Le ciel était à pois
Et la vierge à la gourde
Était restée à Lourdes.

31
J’ai rebondi sur l’os
Et me suis fêlé l’huître
Le pape était sans mitre

J’ai traversé la vitre
Et sauté le chapitre
Dieu était albinos

32
Si tu n’as rien à dire
Retiens ton multispire
Fais tourner ta boulette

Si tu n’as rien à faire
Relis ton Gulliver
Fais péter la roulette

Si tu n’as plus d’espoir
Agrandis la passoire
Fais pleuvoir les comètes

33
J’ai oublié
Le nom de qui
De celui-qui
Celui que non

Celui qu’ici
Plutôt que lui
Celui-là dont
Je tais le nom

34
Tout se résume en somme
Au champignon d’atomes
Qu’on voit quand on est plein

Tout se résume enfin
Au cerveau en essaim
Dans son baba au rhum

Quand on va dépliant
Comme des doigts trop grands
Dont les rues sont le gant

35
L’arbre psychomagique
A des branches mystiques
Et des racines en plomb

Il pousse à la frontière
Au milieu des rizières
En plein cœur du salon

Il ferme un peu les yeux
Et a l’air dédaigneux
Car il a le melon

L’arbre pyschomagique
A l’écorce toxique
Et le cœur moribond

Il est plein d’un bois mou
Semblable au caoutchouc
Dont on fait les bouchons

Il ricane au passage
Des animaux sauvages
Car il est un peu con

36
Il voyage au Congo
Tout est si pittoresque
Et le décor si beau
Que l’on s’y croirait presque

L’indigène a bon dos
Pour porter ses ballots
Il devient son chameau
Ca n’est pas rigolo

Mais il voit bien au fond
Couché à l’horizon
La savane en fusion
Le soleil en ballon

Il traverse le fleuve
 pour lui c’est une épreuve -
Cabote d’île en île
Compte les crocodiles

Mais il voit bien au fond
Cochée sur l’horizon
Du bonhomme en bâton
La silhouette en charbon

Il voyage au Congo
Ca lui apprend la vie
Ca lui apprend que lui
N’a rien à faire ici

Car il voit bien au fond
Plantées sur l’horizon
Les étoiles en laiton
Dans le ciel en carton

37
J’avais une alouette
Au péril de mon bras
A l’aplomb du plastron
J’ai plumé son dindon

J’avais une moquette
Au terril de mon cul
A l’à-pic des chaussettes
J’ai rasé ses moutons

38
Qui boxe la hulotte ?
Qui décapsule l’if ?
Qui termine ses notes
En lisant l’hiéroglyphe ?
C’est Jason l’argonaute
Et son accusatif
Qui dérive en canote
Sur le fleuve adhésif
C’est Judas l’Iscariote
Qui trahit tous les juifs
Et tout ça au motif
Que c’était pas son pote.

39.
Tu le sais
T’es perdu
Dans la forêt de Hüdü

C’est plié
T’es foutu
T’entends les cris dans les nues

Range ta boussole
Mange ton alcool
Et prends ton calciférol

Le sorcier
Il t ’a eu
Tu as cru lui échapper

Ses oiseaux
Ont fondu
Ils te picorent tout cru

Dans la nécropole
Sur l’eau tu gondoles
Et siffle ta barcarolle

40
Le chiffre est tenu secret
La porte est fermée à clef
Et ce n’est pas qui tu crois
Tilleul
A la place du thé

Le nom n’est pas dévoilé
Le visage est en retrait
En fait personne n’est là
Linceul
Sans visage incrusté

Il reste un soupçon de quoi
Une ombre qu’on ne voit pas
Un souvenir de papier
Pour seule
Carte d’identité

41
Monsieur Papillon
Nœud plié au front
Plastron de bromure
A mangé la sciure

Son valet Carton
Pas d’œil, trois moignons
Fait du plat à l’œuf
Et épouse un bœuf

Et sa jouvencelle
Aux seins d’hirondelle
Fume du henné
En fauchant les blés.

42
A bas l’astrolabe
Et son baobab
Petit gratte-ciel

A bas le carton
Qui faisait l’avion
Au bout des ficelles

A bas l’aviron
Qui tournait en rond
Comme un demi-sel

43
Sur les nerfs des clochettes
Et le cœur en cachette
Qui sonnait le tocsin

Tandis qu’un glas funèbre
Descendait les vertèbres
Et plombait son bassin

Et partout sous le front
Grinçaient les carillons
D’oisillons très anciens

44
La femme est en kit
Et l’homme a sa bite
Comme clef de douze

L’amour est un mythe
Et Dieu est en kilt
Le ciel un penthouse

Seule en son cockpit
Ici Aphrodite
Atterrit pépouze

Sur l’île interdite
Où l’hydre s’excite
Avec ses ventouses

La femme est en kilt
Et la clef de huit
Est sous la pelouse

L’homme est en orbite
Dans son satellite
Allo, c’est Soyouz

45
Dulcifer
A remis
Le couvert

Telle est la loi des rings
On s’en prend une et bing

Lucifer
S’est démis
Le derrière

Clef de bras et looping
Cassé le vase ming

Calcifer
A gagné
Game over

Telle est loi du ring
Quand l’horloge fait ding

46
Du navet des soucis
Dieu est mort c’est fini
Au potager j’écris

Et je pèle les courges
Pour en faire du potage
Pour les bourges

Du poireaux des panais
Et du poisson pané
Dieu en vrai n’est pas né

Et j’épluche des pluches
Pour en faire du cirage
A peluches

47
J’ai toujours l’impression
De toujours pour de bon
Alors que pour autant
Rien n’est moins
En option

Mais j’ai la sensation
De sans cesse à quoi bon
Tandis que nonobstant
Plutôt moins
Dans le fond

48
Quelle est la réverbère ?
Avec quelle argentière
A-t-elle lui la nuit ?

Dans la rue s’effiloche
L’ombre moche

Quel est l’astre de fer ?
Quelle est l’enseigne entière
Qui pend comme la Lune ?

Dans la rue lumineuse
L’ombre creuse

Quel est la télescope ?
Quelle est son isotope ?
Dans le rond l’astre brille

Dans la rue catacombe
L’ombre plombe

49 Autobio

Mon pneu est crevé
D’un coin de trottoir
Le piéton a des idées noires

J’attends le garage
Qu’il laisse un message
M’annonçant "le pneu est changé"

Mais rien ne se passe
Et le ciel s’efface
Sous la pluie qui tombe en paquet

50

La steppe est déboisée
Depuis l’aube de l’humanité
Et les mammouths sont aplatis
Petits petits

La steppe est ravalée
Et replâtrée de frais bosquets
Et le vent les brosse en tapis
Guili guili

L’océan est gelé
Et les baleines congelées
Souriant dans le bloc des nuits
Whisky whisky

51
A la nuit c’est selon
Selon ce qui peut luire
Ou ce qui peut me nuire
C’est toujours sans façons

A la nuit c’est tangent
Selon ce qui se tend
Ou selon ce qui pend
Et parfois se détend

A la nuit c’est toujours
Au choix l’éclat du jour
Au loin qui la dépare
Ou celui du plein phares

52
Je suis l’alibi
D’Ali Baba
Quand il s’agit de s’expliquer
Devant les brigands courroucés

Je suis le mot d’excuse
Des joueurs de cornemuse
Des danseurs de claquettes
Des coupeurs à machette

Je suis l’alibi
Du roi de Lybie
Quand il s’agit de s’éclipser
Dans un repli de drap froissé

Je suis le mot d’absence
Des forces en présence
Des derviches qui dansent
Et des dieux qu’on offense

53
Jamais par l’étoile
Plutôt par la bande
Il faut qu’on descende
Jusqu’à la centrale

Le chemin est blond
Comme les blés longs
Semé de pétales
Et de fleurs spatiales

Et la nuit crémeuse
Déploie son oignon
Froid de nébuleuses
Et de champignons

Jamais par la route
Prends plutôt les bois
Si tu vois la soute
Descends-y pour moi

54
L’esprit a son objet
Et l’objet son esprit
Farceur
Et peste

Lequel se manifeste
Toujours en retournant
Sa veste
En or

En cassant le ressort
Sapant dessous comme un
Castor
Funeste

55
A force d’acrobaties
Il va finir hémiplégique
Sous perfusion d’analgésique

On le lui avait bien dit
Mais monsieur n’obéit qu’au clic
Que fait son cœur quand il s’applique

Oui il finira au lit
Para tétra polyplégique
C’est quasiment mathématique

On le lui avait bien dit
Mais monsieur n’entend plus que couic
Paumé son cornet acoustique

Il a le diable à minuit
Si sa pendule fait cui cui
Son déambulateur aussi

On le lui avait bien dit
Mais monsieur fume du hakik
Et boit du rhum de Jamaïque