Un énorme boum dans la nuit, plus clair qu’en plein jour. Juste après, grosse grêle.
Je suis retourné dans mon collège pour une rencontre avec des élèves. Je rentre dans la salle des profs et, machinalement, me dirige vers mon casier.
Concert de Chris Brokaw au Mouton. Au resto je lui demande si c’est vrai qu’il a été batteur du groupe de GG Allin.
« Oui c’est vrai. Tout le monde le haïssait, mes amis, surtout ma copine, mais c’était un chic type. »
« You know, he was a nice guy... with a heavy sense of humor »
« Mais il ne pouvait pas s’empêcher de se faire casser la gueule. Il s’attaquait à des types deux fois plus costauds que lui. Une chose qu’on peu dire de GG Allin, c’est qu’il n’avait peur de personne. »
« Et c’ était pas difficile à gérer pour toi ? » « Well, i had a complex emotional response to his behaviour »
Puis il explique ce que c’est que le black metal : « Des cordes à vide, beaucoup de notes jouées en couches, ça crée du brouillard. En fait le black metal, c’est l’art de faire un nuage. »
Dans le lavoir, un monsieur. Il nettoie, il a apporté des sacs, des produits et un aspirateur à piles. Il parle tout seul, rit très fort, et pousse des cris. « Ah ! On n’en veut plus ! »
Un peu plus bas, deux motards de la police, dont un sans casque, regardent leur portable.
Grand-mère a lu dans le journal un article sur le canot de l’empereur, un bateau d’art qu’il est question de faire revenir à Brest, après un séjour dans les musées parisiens. Elle m’attend de pied ferme, elle a les yeux qui brillent : « Moi, je sais où il était ! ».
« Quand j’étais petite, sur les berges de la Penfeld, à côté de la digue, il était dans une baraque : je le regardais par des trous dans la cloison. Il était tout brillant, plein de dorures. »
« Personne ne savait. Ou ceux qui savaient le regardaient mais ne disaient pas. C’était un secret. »
Elle regarde ailleurs : « D’ailleurs, c’est à côté de là, dans un bal, que j’ai rencontré grand-père. »
Coup de fil en absence. Message : « Allô Christian ? » C’était une erreur. Une vieille dame angoissée.
6 nouvelles tentatives d’appel plus tard, un autre message. Voix blanche : "Allô, Christian, c’est Mamy. Rappelle moi Christian."
Je la rappelle pour lui redire qu’elle s’est trompé de numéro, que Christian n’a pas eu son message, que si c’est une affaire grave, il vaut mieux qu’elle le sache. Elle me répond : "Pardon monsieur, je ne sais plus du tout où j’en suis. Il faut que je dise à Christian, il a perdu son fils, monsieur, c’est affreux." Journée foutue.
Trois jours plus tard. Coup de fil de la même dame, même voix blanche, mais Christian s’appelle Joël.
Message de la même vieille dame hier soir : « Allô, Alain ? »
Citation Henri Michaux : « Quelqu’un tchup… tchup… tchup… »
Caroline frappe à la porte, elle cherche son chat. Elle est avec Hugo son fils, que je n’ai pas vu depuis des années. Le chat n’est pas dans mon jardin ni dans celui des voisins.
Le voisin, quelques minutes avant, a reçu la visite d’un autre monsieur qui cherchait un autre chat. Pas un gros gris tout mou, mais un tigré.
En ce moment, les chats se perdent.
Rendu visite à E qui habite dans une ancienne savonnerie et qui peint des toiles organiques, comme faites de tissus cicatriciels. Sa documentation est un livre de photos sur les opérations chirurgicales.
Concert d’ooTi. Un spectateur vient me voir à la fin : « C’est vous qui avez écrit les chansons ? » « Oui. » « Vous avez utilisé 52 fois le mot ombre. Pourquoi ? »
« Sur 1357 mots en tout. »