BRIMBORIONS POUR COMMENCER 2021 Signes, intersignes, coïncidences, ou pas

John Trap et moi travaillons au Mac Orlan toute la semaine, sur un ciné/concert/spectacle autour de la Mémoire des femmes et des images d’archives de la cinémathèque. Il y a un moment particulièrement émouvant où on voit un scaphandrier qui disparaît dans l’eau quand, en voix off, une dame dit : « Mais voilà, les hommes partent avant nous, c’est ça qu’est moche. On peut pas partir ensemble tous les deux. On a pas trouvé la solution. »

Je me gare derrière une camionnette sur laquelle est peint un casque de scaphandrier identique. Depuis le décès de mon beau-père, je me méfie de ce qui est inscrit sur les camionnettes.

Sur la plage, plein de coquillages troués et enfilés comme des perles sur les branches d’un buisson.

Plus loin, une grosse salamandre écrasée au milieu de la route.

Je regarde un geai par la fenêtre, sur le muret. Il a quelque chose d’anormal dans le bec mais je n’arrive pas à voir quoi.

Entendu hier soir : « Ah non, zut, c’est pas les chakras, c’est le karma ! »

Je roule vers Landéda. Je vois une pancarte et je crois qu’il est écrit « Sans souci ». En fait, pas du tout, c’est écrit tout à fait autre chose. Pourtant, plus loin, une autre pancarte : « Sans souci ».

Maïwenn me demande de faire des grimaces. A chaque fois, elle me dit à quoi je ressemble, un hippopotame ou un raton-laveur. Soudain, je fais le visage le plus neutre possible, inexpressif. « A quoi je ressemble ? » elle hésite : « Un mouton ? »

On discute des poissons de rivière. Le plus gros c’est le brochet, dis-je à Maïwenn. « Ah non, dit Arthur, c’est le Silure glane ». Pour preuve, il nous montre sur son téléphone la photo d’un poisson monstrueux.

C’est un poisson très grand qui avait disparu en Europe et qui a été réintroduit plus ou moins par accident au XIXème siècle.

Francis Willughby, icthyologiste du XVIIème siècle, fait état de silures de 5 mètres de long pour un poids de 330 kg.

Wiki : « Il vit généralement près du fond, sous les troncs et branches d’arbres tombés à l’eau ou près des berges où il se cache dans l’attente d’une proie. »

Wiki : "Des légendes médiévales présentaient le silure comme un mangeur d’homme. Selon les données disponibles, il peut attaquer l’homme, s’il se sent menacé, ou en période de reproduction où il défend sa progéniture, mais cela reste très rare."

Wiki : "il fait l’objet depuis son apparition en France d’un intérêt et d’un traitement médiatique particulier oscillant « entre fascination et angoisse »"

Wiki : "Outre-hexagone, le silure dès 1945 est suspecté par la presse de dévorer des enfants voire des adultes « quand bien même seules des parties de corps ont été retrouvées dans les estomacs des poissons »(Gudger, 1945)."

On regarde des photos d’animaux semblables, notamment celle d’une énorme salamandre japonaise. « En plus je crois que c’est venimeux », dit Arthur.

Rêvé de geais très colorés.

On vide la maison de Jacques. Plein de mouches. Deux moutons sont morts, visiblement attaqués par des renards ou des chiens. De l’un, il ne reste rien que les os. De l’autre, la fourrure dégonflée, collée sur l’herbe comme sur une moquette.

Je rentre de Langonnet, et j’ai du mal à garder les yeux ouverts. Je me gare sur l’aire de covoiturage de Châtaulin et je m’endors. Soudain, dans mon sommeil, j’ai conscience que je dors et pourtant que je suis assis au volant. Réveillé pied au plancher, le cœur à fond et les cheveux dressés sur la tête.

Appris qu’un nuage d’étourneaux s’appelait une « murmuration ».

Lu dans la presse : à Ploudalmézeau, Goulven Elégoët vient de boucler un périple de 1000 km en 24 heures, en faisant le tour de son jardin.

Goulven Elégoët : « Au début, cela a été très dur mentalement de marcher sur un si petite circuit tout seul. »

Il se passe beaucoup de choses dans le ciel. Les étourneaux déjà, qui sont encore meilleurs que l’an dernier.

Et puis des drôles de nuages, genre apocalypse.

Tout l’été, j’ai suivi l’affaire des tortues dangereuses, qu’on a trouvées ici et là dans des cours d’eau. Mais je n’ai pas eu le temps d’en faire des brimborions.

Et aussi celle des chevaux mutilés. Mais trop triste.

Il y a aussi l’affaire des monolithes qui apparaissent un peu partout, dans l’Utah, en Suisse. Un coup de pub ?

Je rentre dans ma voiture. Le compteur indique pile poil 666 km. Le temps de prendre mon téléphone pour faire une photo, et sans avoir touché la pédale d’accélérateur, je passe à 667.

« Elle est pas très bien. » « Mais elle est pas bien depuis quand ? » « Oh, elle est pas bien d’origine. »

Cette nuit, quelqu’un a repeint le lavoir en face de chez nous. Sur le mur, il a écrit « Lavoir vivanant. »

Cette nuit, le peintre est venu rectifier « Vivanant » en « Vivant » et pour combler le vide de la syllabe, il a écrit : « Juste libre !!! » avec plein de petits points autour.

Le voisin n’est pas content après le peintre du lavoir. « L’autre jour, un gars de la mairie est venu et m’a dit que ça ne passerait pas. » « C’est pourtant joli, non ? » « Oui, mais les petits points là, c’est un code qui veut dire « mort aux vaches. »

Magasin d’informatique : le vendeur porte un tatouage d’illuminati sur la poitrine, qui dépasse de sa chemise.

Promenade sur le sentier côtier. Passe un jeune homme avec sa copine, mais ils sont habillés comme des vieux, avec imperméable et pantalon en velours. Il commente le paysage en fumant un barreau de chaise. Odeur agréable du cigare quand ils passent.

C’est la nuit. Il pleut, je le vois bien dans la lumière du réverbère à cinquante mètres. Mais sur moi, pas une goutte. Ici il ne pleut pas.

Dans la rue, traces d’essence, qu’on pourrait suivre jusqu’au réservoir troué.

Plus personne ne parle de cette histoire de monolithes.

J’ai enterré les moutons, et puis C est venu m’aider. « Il faut creuser un peu plus profond ». Le plus dur a été de le décoller du sol.

Dans la rue, un drame du déménagement. Deux gars sont agenouillés en train de ramasser les pièces d’un puzzle. Il y a deux autres puzzles posés dans leur couvercle, intacts sur le toit de la voiture. La jeune femme debout à côté n’est pas contente : « ah bravo, espèce de pauvre con ! »

Lu sur internet : « Si vous avez la chance d’avoir une truffe sous le coude, n’hésitez pas à en fourrer un fromage. »

Rozenn : « Louis de Funès, je l’ai toujours connu mort. »

La maison de Jacques est vendue. Démonté le vitrail, signé Murielle Vissault, elle aussi décédée. Sur une échelle, j’ai décrochée la grande tenture au bœuf, qui datait des années 70. Plus de mouches dans la maison.

Alerte dans le Télégramme, une femelle python blanche s’est échappée de son vivarium à Recouvrance. Elle s’appelle Iggy.

Le python Iggy est rentrée toute seule dans son vivarium cette nuit.

Le premier jour des vacances, sur un rond-point, je manque de me faire emboutir par un camion « Chronoflex – Flexibles hydrauliques »