Au feu rouge, derrière une voiture. Sur le pare-brise arrière, écrite à l’envers, une suite de consonnes qui ne veut rien dire : "Csrhsrtt".
En fait, il faut peut-être lire "Carhartt". Ce serait un fabriquant de gants.
Ça n’explique pas pourquoi le nom est écrit à l’envers.
L’éclipse était décevante : il a juste fait gris sale, pas nuit.
Du coup, le soleil revient, mais les oiseaux, les arbres et les gens ont l’air plus fatigués qu’avant.
Je vais courir juste après l’éclipse. Tout a l’air couvert de cendres.
Maïwenn me grimpe dessus en criant « Caca boudin ». Je lui dis : « On touche le fond ! » Elle me touche le front.
Croisé un type en costume d’Arsène Lupin, avec une canne à pommeau, qui faisait les cent pas à côté du Rock Circus.
Le lendemain, croisé un autre type rue Boileau, habillé de la même manière, avec la même canne.
Il y a du vent. Dans les feuilles du palmier du voisin, j’ai l’impression de voir une grosse tête de dieu aztèque.
A l’heure du coucher, Maïwenn a peur du vent. Elle se rassure : « Il a pas de boubouille. »
Plein de jeunes habillés en noir devant le bar La Licorne. Ils ont l’air de préparer une grande fête. L’un d’eux sourit en regardant les autres, les yeux émerveillés, comme s’il n’en revenait pas.
Sur le trottoir, un homme avec un casque et une lampe frontale est à genoux à côté d’une bouche d’égout. On dirait qu’il prie.
Dédicace à Dialogues avec A. Un homme tout rouge arrive et se met à nous parler. Il est écrivain, il va publier un livre bientôt, il ne parle que de ça. Sa chemise est ouverte juste sous notre nez : comme il a un gros ventre, on ne voit que son nombril.
Une vieille dame passe un passage clouté. Elle se retourne, l’air stupéfait et fier, et mesure, en hochant la tête, la distance parcourue.
Les jeunes en noir squattent La Licorne. Ils ont planté un drapeau noir au-dessus de l’enseigne.
Tempête. Dans les branches de l’arbre du voisin, des oiseaux roulés en boule font de la balançoire.
La dame du lavoir : « on va le transformer en nichoir à oiseaux ! La mairie est d’accord ! » Elle a les yeux qui brillent.
« Je suis tellement contente, même si il y a la vieille là-haut. » La dame est à sa fenêtre.
« L’autre jour, elle a porté plainte contre moi, elle dit que j’ai pas le droit d’être là. »
La vieille dame se met à hurler dans sa direction. Je comprends : « ...respect à une dame de 84 ans ! »
La dame du lavoir hausse les épaules. « Je lui ai jamais rien fait. Mais quand elle regarde par sa fenêtre, elle veut pas me voir dans le paysage. »
La dame s’éloigne. Quand elle passe sous sa fenêtre, la mémé la prend en photo.
Cette nuit, calme plat dans le jardin. Soudain, un gros brouhaha très lointain, comme une tempête qui arrive. Un chien se met à hurler.
Pas de tempête. Tout est resté calme.
Devant Decathlon, un vieux monsieur dit à une grosse dame rouge, d’une voix traînante : « vous, vous devez avoir des gènes spéciales. »
Par la fenêtre au matin, tout en haut de l’arbre du voisin sur la dernière branche, un petit oiseau la gorge bombée.
Régïs B, batteur : « Mes influences ? Les musiques apaches dans les westerns et la fanfare de mon village. »
Dans l’arbre du voisin, comme une grosse chouette à tête blanche. La lumière change : c’était une branche.
Drôle d’étoile au-dessus du muret. En fait ça doit être une planète car elle ne clignote pas. Mais on dirait qu’elle est en train de se scinder en deux.
La planète, plus tard une autre nuit : elle est au zénith, mais elle brille toujours trop.
Jacques m’a offert une sacoche. Du coup, je mets mes papiers dedans et je le trimbale en bandoulière. Aujourd’hui, au parc, un petit me dit : « Bonjour facteur. »
Revu Renaud M avec cette fille. Ils marchaient main dans la main. Au bout d’un moment, il s’arrête, met ses mains sur ses épaules et lui parle face à face, très près. Elle le regarde comme hypnotisée. Elle est extrêmement pâle.
Dans la véranda, plus de lumière. Maëlle l’a remplacée par une grosse bougie. L’ambiance est un peu flippante.
Maëlle est partie fumer dans la véranda. Elle pousse un cri : « Il y a un rat ! »
On regarde avec la petite lampe torche qui s’actionne à la main, avec une gâchette. Bruits de Wizzz wizz : la lumière est blanche. Pas de rat.
Je tape dans les parasols repliés, derrière lesquels il se serait faufilé. Pas de rat.
Le lendemain, je tente de mettre une pierre sur l’assiette qu’on a posée sur l’évacuation des eaux de pluie. C’est par là qu’il a dû venir et filer. La pierre est lourde : je casse l’assiette.
De retour du Lasergame avec Arthur et N. Il est 16h30. On voit un petit rat marron qui court au milieu de la rue.
Il se cache sous une voiture. On lui fait peur en voulant le regarder, il file dans une bouche d’égout. Là, il reste juste le bout de sa queue qui dépasse. Puis, encadrée par la bouche, sa petite tête, qui nous regarde sans bouger.
S, disquaire spécialisé vinyle. Je fouille dans ses bacs quand un client entre, portant deux gros sacs remplis de disques. « Salut, les disques, tu les achètes aussi ? » « Montre voir. » S feuillette le contenu des sacs avec un nez d’expert. « Non, le vieux jazz comme ça, c’est invendable. »
« Je t’en prends un pour la forme, mais pas le reste. » « Même si je te laisse le tout pour trois fois rien ? Parce que je vais pas repartir avec tous ces sacs, c’est vachement lourd. »
Le type repart avec ses sacs. S : « Tu as senti cette odeur ? » « Moisissure ? » « Tut tut tut, pisse de chat. »
Steven renifle au-dessus du disque : « Étonnant, juste sur la tranche. »
Paramé, près de Saint-Malo. On passe à côté d’une maison à plaque : « Maison de J Cartier, découvreur du Canada. » Cent mètres plus loin, une autre plaque : « Maison de quartier ».
Sur le tableau dans la salle d’Histoire : « Pour vendredi, ex 19 page 210 + finir les pyramides »
Y est parti à la reconstitution de Waterloo, me dit O, qui ajoute : « Il avait raté Austerlitz. »
Vu : Rue Jean Le Moult, victime du devoir.
Maëlle crie : « Qu’est-ce que c’est que cette horreur ? » en capturant la chose dans un mouchoir. On regarde : une blatte.
Réflexe : je l’écrase dans le mouchoir. Elle n’est pas morte. Je l’écrase encore. Du sang rouge coule.
Vu Didier au parc. Il soupire : « On vit vraiment dans un monde... » Il regarde autour de lui, consterné. « Enfin bon c’est comme ça. »
Je fume dans la véranda. J’ai l’impression que mes bronches sifflent. Fausse alerte : c’est un oiseau.
Mail : « Verdun + seconde guerre mondiale – offre découverte. »
On dort dans un motel à Cognac. Dans la nuit, des agriculteurs en goguette font une course de brouette devant notre porte.
Au dos d’un camion : « No Airbags. We die like real men. »
Maïwenn dans son bain : « Papa, tu veux une tasse de thé ? » « Non. » « S’il te plaît ! » « D’accord. » « Avec des bonbons et du sucre ? » « Ok. » « Et du poison ? »
A la pharmacie, une dame à une autre : « Il paraît que dans ce pays, il y a encore des troglodytes. » « Ah, qu’est-ce qu’ils doivent être bien ! »
Arthur : « Papa, dans l’océan, tu préfères rencontrer un requin ou un espadon qui veut t’empaler ? »
Je croise le docteur B sur un parking, il tient sa pipe entre ses doigts. « Je viens de voir une voiture avec un nom hallucinant. » Il me montre la marque : Yéti.
Maïwenn : « Hein papa, les lapins ça n’existe pas ? »
« Ben si, tu te souviens de Clément, il avait un lapin. »
« Oui, mais c’était le seul, hein ? »
« Et les autres lapins ils sont cachés, hein ? »
Syntaxe : Maëlle à Arthur : « Et comment t’es long des ongles au niveau des pieds ? »
R est allé une fois à la cérémonie de remise des prix du Festival du court-métrage. Le meilleur acteur était son sosie. A la fin, tous les gens le félicitaient.
Voyage à Paris. J’ai rencontré Noël. On rentre ensemble en métro. Il me dit : « Une chose dont il faut se souvenir : même les paranoïaques ont parfois des ennemis. »
Concert de Chansons robot à Cavan : une dame me demande un dessin à la fin.
Au départ gentille, comme j’ai du mal à trouver celui qu’elle veut, elle prend un air autoritaire et impatient.
Au Mac Guigan’s, Brest. Un homme au comptoir me tend la main : « Salut. La fusée de Tintin, c’est moi. »
Montmartre. On prend des photos avec Joseph, Maëlle et Gildas. On croise trois militaires au pied du sacré cœur. « Est-ce qu’on peut prendre une photo à côté de vous ? » « Non. » Je dis : « J’imagine que si je vous demande de nous prêter votre fusil, vous allez dire non aussi ? »
Chapi m’a donné une grande courge. J’oublie de la manger.
Dans mon jardin, la courge de Chapi a pourri, dégonflé.
Paris : je cherche un magasin de disques appelé « Music fear Satan » Le type arrive en retard. Je cherche dans les disques de black metal : « vous avez du black metal ? »
« Heu, je suis pas trop black metal. Je suis pas trop métal non plus. »
Puis, agacé : « D’ailleurs, franchement, le metal c’est vraiment pas mon truc. »
En fait, tout est dans le titre du magasin. J’avais qu’à lire.
Rêve : un dictateur, un front de mer, des surfeuses, un poisson.
Avant de m’endormir, visions colorées, comme un papier peint en fusion au fond de l’eau.
Ma collègue Valérie fait étudier Dracula à ses élèves de 5ème. Des parents ont demandé à ce que leur enfant en soit dispensé, « pour des raisons personnelles ».
Un trait vert fluo dans la nuit, discret, j’ai failli ne pas le voir.
Une dame devant le lavoir : « avant ici ça sentait le feu de bois »
D au Festival invisible : « J’espère que ça va être bien, ça m’a coûté 14 euros quand même ton truc ! »
Il me donne des adresses de sites de naturopathie : « Tiens, tu verras, ce qu’on y apprend sur les chakras, c’est étonnant. »
Rêve : je suis en chaise roulante. On m’attaque : je frappe et broie mes adversaires à coups de chaise.
Rêve : un type sans jambes, des jambes sans type.
Salon de l’Amiral Ronarc’h. Je demande au monsieur : « c’est pour vous la dédicace ? » Il répond : « Ah non, moi la BD j’en lis pas, ça m’fait chier, c’est pour mon fils. »
Maïwenn : « Papa, tu préfères la lune en forme de boule ou de banane ? »
Entendu à la formation Réforme : « Les EPI sont ils des IDD ? », « Il faut assurer le suivi des cohortes », « quels que soit les flux des cohortes » , « il faut garder une approche curriculaire », « non, rassure-vous, ce ne sera pas sanctionnant », « les programmes doivent être soclés »
T conduit le camion. Au péage, comme il n’est pas grand, il a parfois du mal à atteindre la borne en se penchant par la fenêtre. Il grogne : « J’espère que je ne vais pas encore avoir un problème de taille. »
On tourne un clip pour Chapeau. Deux ustensiles : une cape de deuil de Molène et une valise.
On oublie la valise à Saint Cadou. Pour la scène de Plougastel, on doit en prendre une autre.
M me raconte une anecdote autour de la mort d’E C, ou de celle de son père, je ne sais plus, où il est question d’une cape de deuil et d’une valise.
Sur la plage de Plougastel, un monsieur : « Qu’est-ce que vous tournez là ? » « L’autre jour, dans les bosquets là-bas, il y avait une femme nue, une rousse, très belle et bien dotée par la nature. » Sa femme acquiesce.
« Elle était modèle pour un photographe. Quand on les a salués, elle a traversé la clairière toute nue, en se piquant les pieds aux châtaignes. »
« Une sorte de fakir... »
Grand-mère raconte à O sa jeunesse pendant la guerre : « On avait creusé un abri dans un talus. On pouvait se mettre nombreux là-dedans. »
« Arrivés au pont de Treglonou, il était si étroit que la cheval ne voulait pas passer. On a dû lui bander les yeux. »
Chez M, les glaçons sont sans eau. Des boules de plastique qu’on met au congélateur. « ça évite de mettre de l’eau dans son vin »
Sur l’écran de la télé de M, une sorte de mire : c’est l’impact d’une bille tirée avec son pistolet, un soir de débat présidentiel. Il visait Sarkozy.
Dans le reflet de la vitre, j’ai l’impression que main est déformée et qu’elle a vingt doigts.
Festival de Quintin. A est fasciné par les Choucas.
Je dors chez une dame très pieuse, qui travaille au lycée Jean Vingt Trois.
Je fais un rêve étrange et que j’ai envie de trouver prophétique.
G. C., illustrateur dessinateur : tous les ans, il va faire de la manutention pendant un mois. « Ça me fait du bien : quand tu décharges ta palette, tu ne te dis pas alors bleu ou rouge ? Tu décharges ta palette. »
J C : sur sa terrasse, il lit le journal. Sa maison est un ancien bordel, et un ancien atelier de Toulouse-Lautrec. Elle est située juste en face du Chat noir.
Dès que la porte qui donne sur la rue est refermée, le bruit cesse : on n’entend plus que des oiseaux.
Son chat tente de grimper sur une gouttière : « Il essaye de me persuader qu’il est acrobate. »
« Les peintres sont toujours en avance sur la science. Les impressionnistes décomposaient déjà la matière avant Einstein. »
Il me parle de Fragonard, et d’un tableau au Louvres, « L’enlèvement des Sabines », où les soldats ont l’épée qui cache « la bite »
« Pirandello, on lui demande de quoi parle sa pièce, il répond : « ah mais je ne sais pas moi,je ne suis que l’auteur ».
Ça me fait penser à Yvon Coquil : « Alors Yvon, il est bien ton nouveau livre ? » « Je sais pas je l’ai pas encore lu. »
J. C. Il m’explique la règle des ¾ : « mais bon, je me doute que vous la connaissez ça par cœur. » J’ignore absolument tout de la règle des ¾.
Noël : « Attends, je vais te donner le contact du chef opérateur de... Attends je regarde sur le fiche du film... Ah non, zut il est mort. »
« Qu’est-ce qu’il y a comme morts quand même. »
Je reviens à pieds de l’intermarché avec les enfants. J’entends comme un bruit de serpent à sonnettes sous le trottoir.
F vient me déposer sa facture. Au bout de trois secondes il me tutoie.
Je lui propose une bière, il me répond : « ah non, plutôt un vin cuit ou un whisky. » Je le sers : « Tu bois pas un petit coup avec moi ? »
Sa passion : la pêche à la mouche. « On trouve, tu vois, de très vieilles mouches chez Emmaüs. Un peu comme les très vieux timbres, tu vois, des mouches très très vieilles, de collection. »
Rêve : je suis avec R et il emmène ses enfants à l’avion. Les avions, un par enfant, décollent. Au fond, ils explosent. Il me dit : « Bon, ben tu n’as plus qu’à reprendre le scénario. »
A Kijoupark. Je consulte un site sur le black metal. Soudain, j’ai l’impression d’entendre des hurlements en sourdine : zut, j’ai dû oublier de couper le son. En fait, c’est la voiture manège derrière moi qui couine.
C a acheté l’adresse de site « brest2016 » pour faire chier la mairie.
J’ai noté sur mon carnet : « C tracts Marianne » mais je ne sais plus ce que ça veut dire.
Interview sur le Guerrier Mouktar par une journaliste suisse, Sita Pottacheruva. Elle se promenait rue de saint Malo, est entrée au café du Coin d’la rue, a discuté avec Mireille Cann, qui est mon meilleur agent.
Le Guerrier Mouktar parle de l’Inde. La journaliste est d’origine indienne. Ce qui est une incroyable coïncidence.
Mireille Khan.
M me dit qu’il connaît un type bizarre qui a des tics de langage. Par exemple, quand la discussion s’emballe, il répète sans arrêt : « Hola, cheval cheval cheval cheval »
Et quand il veut installer un suspense : « Hola, of the night of the night of the night »
Nantes. Un jeune homme dans un fauteuil roulant lit un livre face à une grande étendue de pelouse. Je regarde discrètement le titre : « Un chemin de libération. »
On rentre de la prairie, sur les petites routes de Vieux Marché, et on tombe sur un accident. Une voiture sur le toit. La jeune femme est indemne. Juste une bosse sur le front. La voiture est défoncée. Je pose un triangle de circulation. On la ramène chez elle. Elle dit : « Je savais bien que ce n’était pas mon jour de chance. » Je lui dis : « Si, finalement, c’est votre jour de chance. »
Après l’avoir déposée, on retourne poser un autre triangle. Au passage, je jette un œil dans l’habitacle écrasé. Des livres en désordre. Un recueil de contes de Henri Gougaud, et les œuvres complètes de Racine.
Footing à Penfeld. Après le premier tour, comme je suis encore en forme, j’en fais un deuxième. Je suis récompensé par un héron, juste après la descente, au milieu de l’eau.
Il ne bouge pas. Je le regarde longtemps. Puis j’attrape ma cheville pour m’étirer et il s’envole.
J’apprends à ma belle-mère à consulter ses mails à distance. On réinitialise son mot de passe. « Monique, choisissez un mot, n’importe lequel, le premier qui vous vient. » Elle dit : « Et bien, disons... Parricide. »
Petits détails inquiétants : une voiture qui roule à tombeau ouvert dans la rue, qui prend le virage limite à se mettre sur le flanc. Un type qui sort d’une voiture, se trompe de sens dans la marche, prend le passage clouté à l’envers et manque de se faire écraser. Un chauffeur de camion énervé qui me colle au pare-choc.
Rentré tard du cinéma. Ciel de nuit verdâtre.
Dans la rue, trois silhouettes d’éclopés, un qui boîte, un avec des béquilles. Voix éraillées : « Comment ça t’as dormi avec ta mère ? » « Ah ben ça s’est passé comme ça. »
Je vois pas mal de pies ces jours-ci. A chaque fois j’espère que c’est un geai. Mais ce sont des pies, avec une queue multicolore.
Footing à Penfeld : j’ai l’impression qu’un pigeon me suit.
Et puis je croise une pie à queue multicolore. Re-le pigeon. J’ai l’impression d’être suivi par des oiseaux.
Aujourd’hui, quelques pigeons et des pieds, mais discrets. En revanche, une sorte d’oiseau gris à capuchon sur la vasière, avec un air de comploteur.
Chez M, la grille de la porte d’entrée tient avec un pique à bigorneau.
Au Balzac. La patronne, à celui qui lui demande ce qu’elle devient : "Hé ben tu vois, 33 ans de bistrot, 200 cuites par an, 11 fermetures administratives, veuve depuis 11 ans, un chat, un chien, un lapin."
Mon voisin de comptoir n’arrête pas de rire et de faire Bip Bip. Il a bu su saké à midi, paraît-il. "Vous verrez ici, il n’y a ni chevaux, ni dinosaures, Bip Bip !"
J’entends la patronne qui se confie à voix basse : "Écoute, j’étais chaude comme la braise, il était frigoriste"
M : « Quelqu’un avait dit à P, « t’es pas cap de jeter ta voiture neuve dans le canal ? » « Si ! Qu’est-ce tu me donnes en échange ? » « Un Ricard. » P se jette en bagnole dans le canal. Il était plongeur, il savait y faire, il remonte à la surface : « Et mon Ricard ? »
M : « Des fois j’arrive au concert, P a disposé toute sa batterie à lat sur le sol. » « Ah, tu vas jouer comme ça ? » « Oui,aujourd’hui, ce sera batterie plate. »
M : « Une autre fois, P a monté les éléments de la batterie les uns sur les autres, comme une tour. » « Ah, tu vas jouer comme ça ? » « Oui,aujourd’hui, ce sera batterie verticale. »
Jogging. J’écoute Donovan, Season of the witch et je croise une fille aux cheveux longs et noirs, habillée en noir, qui promène un chien noir.
Place Guérin ce matin. Des agents de la ville nettoient les bordures. Un type tenant une bouteille de vin quasi vide joue avec son chien, lui dispose des éléments sur le sol, et le chien essaye de les attraper.
Entendu foire St Michel : « Ça va ? » « Ben non, mon pancréas a un casque colonial posé dessus. »
Je fume une cigarette dans la véranda. J’entends un coup sourd. Je me dis qu’Arthur a dû laisser tomber un bouquin. A nouveau gros coup sourd. Je pose ma cigarette et je rentre. Devant la porte d’entrée, par la vitre brouillée, je devine du monde. Il est une heure du mat. Je me dis que ce sont des jeunes qui boivent des bières sur les marches. Je m’approche dans le couloir, j’entends mieux, ils ont l’air très speeds. L’un d’eux dit un truc du genre : « Putain c’est quoi ton 06 ? » Soudain, ils détalent à toute vitesse : ils m’ont peut-être vu à travers la vitre en verre brouillé. A travers la vitre, je vois qu’ils ont oublié quelque chose. J’ouvre la porte, fermée à double tour. Il y a deux serrures. La porte s’ouvre. Il y a un type allongé en travers sur les marches, couvert de sang.
La première chose que je trouve à lui dire, c’est : « Heu... Ça va ? »
Je l’aide à s’asseoir contre les marches. Il dit : « Putain, je me suis fait défoncer. » Il a du mal à parler. Un type arrive dans la rue : il m’explique qu’il a ramassé le monsieur avant qu’il soit blessé, et qu’il dormait au milieu de la route, et qu’il l’a déposé sur mes marches. Ensuite, comme il est reparti fenêtre ouverte, il a entendu des jeunes crier : « Wesh il tout seul », et foncer vers le type. Le temps de garer sa voiture et de revenir, il trouve le type ensanglanté sur mes marches, et moi en train de lui parler.
Police secours. Pompiers. Dépositions. Tout le monde repart. Je verse trois grandes casseroles d’eau sur les marches, et je les brosse jusqu’à ce que les taches de sang disparaissent.
En rentrant de Lesneven hier, je roule derrière un camion marqué « Bizarro »
Une vieille dame qui tire un chariot à roulettes et, très lentement, s’approche du coffre d’une grosse bagnole, genre 4x4. Elle s’arrête, fouille dans ses poches. Je crois qu’elle cherche ses clefs. Grosse bagnole pour une si petite mémé. En fait elle attend dix secondes, reprend son souffle, et entreprend de la contourner.
Pour aller à l’école élémentaire des Hauts de Penfeld c’est facile, il faut suivre la rue Kant, puis prendre rue Hegel.
Curieusement, par contre, on arrive place Jack London.
Je rentre chez la Fleuriste. Personne. Quand elle finit par arriver, fredonnant, se croyant seule, elle crie en me voyant.
Cette nuit, une bande de SA sont passé sous nos fenêtres. Le premier hurlait le plus fort possible, et les autres reprenaient en chœur.
C’était des SA j’en suis sûr. Si ç’avait été des SS, on ne les aurait pas entendus.
Au marché sous la pluie. Un type passe devant moi en hurlant : « I’m singing in the rain. »
Dans le train. Devant moi, un monsieur aux cheveux gominés, qui dort. Devant lui, trois téléphones empilés.
Rêvé d’un petit serpent jaune que je coupais en deux.
Ce matin, en emmenant Arthur au collège : le drapeau de la mairie est déchiré, il a perdu le rouge. Blanc bleu.
Au palais des congrès de Pontivy. Je me perds. C’est labyrinthique. Avec Ched, on arrive dans la salle du mauvais côté. Tout le monde se demande comment on a fait pour arriver par là.
Un labyrinthe. La porte des toilettes ouvre en fait sur un couloir.
Pendant la balance, Ched dit : « C’est bizarre, j’entends des voix bizarres dans mon retour. » Le sonorisateur lui répond : « C’est normal, j’ai laissé mon i-pad branché »
Plus tard, je suis seul dans le hall à installer le merch. J’entends des pas, des bruits de gens qui viennent, mais personne n’arrive jamais.
Dans le couloir des toilettes, encore des gens qui parlent. C’est peut-être le vent.
Passé devant le magasin de cannage rempaillage. Collé sur la porte, « Fermé pour cause Maladie »
Plus loin, dans la vitrine, un seul bouquin : « Mort, quelle est ta victoire ? »
Maïwenn : « Dis papa, quand maman était petite, j’étais où ? »
Rêvé d’O. Il enlève ses yeux, me les donne et, par fierté, fait semblant de ne pas être aveugle. Au bout d’un moment je les lui rends.
Travaux au bout de la rue en ce moment. On entend la machine dès 9h00, c’est une excavatrice.
Je me demande quel genre de trou ils sont en train de creuser.
Grand-Mère a un code avec le voisin d’une face, qui a 99 ans : il laisse sa fenêtre entrouverte pour lui dire « je suis toujours en vie ».
Au rayon Fruits et légumes, comme d’habitude,je n’arrive pas à ouvrir le sac plastique. Une femme s’approche de moi et je lui demande de m’aider. Elle m’explique que j’ai les doigts trop secs. Elle mouille les siens et hop, par magie, elle ouvre le sac.
Depuis, je n’ai plus jamais de difficultés.
Dédicace au Leclerc. Un monsieur s’approche, c’est lui qui tient la crêperie de Bohars. On parle de l’Inde ; il y est allé souvent.
« Avant, les gens jetaient tout par les fenêtres mais c’était bio dégradable. Maintenant, l’Inde est couverte de plastique »
« Et puis il a le porno. Ils ont dingues avec ça. Nous, on a eu le temps d’y aller progressivement, ça a pris des siècles. Eux, ils se sont retrouvés direct avec le plus hardcore direct sur leur téléphone. Ça rend fou. »
Citations d’Henri Michaux trouvées dans Qui je fus :
« L’homme est une âme à qui il est arrivé un accident. »
« On lui jetait des pierres et ils les mangeait. »
« Coupe le chat, il reste la queue »
« Il ne faut pas battre un arbre ému. »
« Je ne suis pas mégalomane : je suis l’empereur de la planète Saturne. »
Extrait de l’Air des gars de Saint Herbot, un kan ha diskan : « J’ai beau taper dans le tronc, il n’en tombe que des corbeaux »
Entendu dans un dessin animé Batman : « T’as vraiment l’esprit tordu, Cerveau »
« Sache que j’ai mes propres anticorps, et qu’ils sont au service du Bien. »
T à L : « Je t’ai déjà vu en slip, on dirait Cousteau en 60. »
Sur la route de l’est, de grands panneaux « No Phone ».
Puis des espèces de globes, des planètes en carton pâtes, sur des pylônes.
En conduisant Arthur au collège : un camion de fruits sur les flancs duquel on voit une corbeille de fruits et le visage d’une dame aux yeux suggestifs et aux lèvres boudeuses. La marque : « Charnel » Le slogan : « Le fruit défendu. »
Au Royal avec E, on rencontre F, qui dit : « Je suis un peu crevé, hier j’ai organisé un barbecue sur un méthanier »
« A la fin, le capitaine des philippins nous a serrés dans ses bras, et puis on s’est perdus dans le bateau »
On va à Rochefort-en-Terre avec T. Sur la route, on croise un cycliste en jogging squelette.
Ateliers d’écriture à Fouesnant : M me raconte qu’au canada, ils boivent d’un alcool spécial. Au fond de la bouteille, un orteil.
« Un orteil de quoi ? » « D’humain, il les achète aux hôpitaux. »
« Le but est de boire sans toucher l’orteil avec la bouche. »
A Quimper, Raphaël : « J’ai une petite serre, et pour éviter que ça soit tout sec quand je reviens de vacances, j’ai fait un truc tout simple : une électrode plantée dans la terre, pour voir s’il faut arroser, une petite pompe, un moteur et un seau d’eau, et une petite caméra go pro, comme ça je peux regarder mon jardin quand je veux. »
« J’ai construit un robot qui se dirige avec un GPS. Il photographie tout à 360 degrés. Comme ça, tu peux tout archiver, le temps et l’espace. »
« Et j’ai fait aussi le dernier gadget de Pif Gadget. »
Je passe voir B dans son magasin. Quand j’arrive il saigne du nez. « Je crois que je vais crever. Quand ça s’arrête pas de saigner, on meurt, non ? »
Maëlle est partie en vacances à l’île d’Yeu. J’emprunte un DVD, "Maine océan" de Jacques Rozier, ça se passe à l’île dYeu. J me raconte sa traversée
cauchemardesque vers l’île d’Yeu. Je croise O à l’école, il revient de l’île d’Yeu.
Un frelon contre la vitre. Il a l’air de dormir. Je retourne d’un coup le velux, pour qu’il s’enfuit. Il ne bouge pas. Il dort.
Je tape sur l’envers du velux. Ça ne le réveille pas.
J’essaye de le chasser avec un journal, il se coince dans la rainure du volet roulant.
J’essaye de l’attraper avec une pince à épiler. Il se défend comme il peut. Je finis par le serrer et par le jeter dehors.
Le combat m’a épuisé pour la journée.
Encore un frelon hier. Ils rentrent par les fenêtres battantes. Il faut leur ouvrir en grand, et ils arrivent à sortir.
Croisé P à la garderie. Son fils est en train de lui demander « c’est quoi un mystère ». P me demande, alors je réfléchis et je dis : « Un mystère, c’est quelque chose qu’on ne sait pas, mais qu’on aimerait bien savoir ».
Vu collé sur la fenêtre d’une maison : « poissons bizarres, 10 euros »