Jardin d’enfant : je croise Patou, qui est devenu gendarme scientifique. Il me parle du Blue star, ce produit qui révèle les traces de sang anciennes. « On a fait réagir des taches qui dataient de la guerre de sécession ! »
« Pour montrer à mes élèves, je me suis fait faire une prise de sang et je l’ai congelée. Il suffit d’en prélever un peu, d’en asperger le carrelage sur le mur, de récurer à fond, et puis d’éteindre la lumière avant de vaporiser le blue star. » Son regard brille : « Et là, ça fait de grandes traînées phosphorescentes bleues. »
« Ca marche aussi avec la Javel, ça brille avec plus d’intensité, mais beaucoup moins longtemps. » Moue moins convaincue : « Ce n’est pas la même lumière. »
Frôle ce matin par une voiture : « Taxi Abysse. »
Croisé un van où était écrit : « Voyages Ulysse. »
Sur la route du festival de Deauville, de l’autre côté de la route, un petit chat vient juste de se faire écraser. Il est encore vivant. Atroce. Juste après, une cigogne passe dans le ciel.
Il paraît que toutes les cigognes passent par Istanbul, où elles prennent de la hauteur en montant en hélices, par groupes.
Une dame à table : « Mon père a 75 ans. Il vient de tourner dans son premier film d’horreur. »
« Le réalisateur lui avait dit qu’il avait un rôle de psy pour lui, il était content. Mais en fait c’était un rôle de psychopathe. »
J’attends au feu derrière une voiture. Deux autocollants : « Anti-radar » et « Attention conducteur bourré. » Le feu passe au vert et il démarre en trombe, manquant écraser deux filles qui traversaient.
Rêvé du petit chat écrasé. Dans mon rêve, il était roux, et je me souviens du bruit de semelle que ça faisait quand des gens l’ont décollé du bitume.
Je corrige des copies dans le train. Le texte parle des tranchées. Correspondance. Je regarde mon billet : voiture 14, place 18.
C’est le soir, je regarde un film. Soudain, boum, un vacarme, comme si une étagère était tombée à l’étage. On monte. Rien. On fait trois fois le tour de la maison. Rien.
Finalement, c’est un arrosoir qui est tombé dehors.
Le lendemain, l’arrosoir retombe, mais moins fort.
On rentre sur la voie express. Sur un pont, des gens agitent des drapeaux français et des banderoles FN. Au moment où on passe juste en dessous, Maëlle dit : « Quelle horreur ce sont des enfants. »
Il y a une semaine, mais l’image de l’ado blonde en t-shirt blanc agitant un drapeau FN Juste au-dessus de ma tête, alors qu’on passe le pont, ne s’efface pas.