BRIMBORIONS DE MAI Signes, intersignes, coïncidences, ou pas

Caisse à Intermarché. Une vieille dame juste devant moi moi planque un tube de crème dans les bonbons.

La caissière la voit et la gronde : « On n’a pas idée, remettez le dans son rayon ! » La dame : « Ah oui je ne sais pas ce qui m’a pris. » Elle est rouge de honte.

La caissière soupire : « Ah, si vous saviez ! Des fois j’y trouve même des steaks ! »

Entendu : « J’ai attrapé froid au cimetière. »

Dans un magasin de hi-fi, un mannequin passe, allongé sur une civière.

Sur la voie expresse, tôt le matin, il fait encore nuit. Le ciel est rose au-dessus des serres.

Atelier d’écriture à Morlaix : les élèves doivent écrire des lettres à des correspondants burkinabés. « Il faut leur parler de tout ce qui vous entoure, de ce que vous mangez, de vos loisirs, de vos habitations, de vos animaux – par exemple, vous allez parler de chiens et de chats, pas de girafes ! » Je tourne la tête : paf, par la fenêtre, deux girafes.

Deux girafes en bois, mais deux girafes quand même.

Rêvé qu’on était dans notre ancienne maison, chez les B. On essaye de rester discrets, de ne pas laisser de traces. Mais ils finissent par rentrer chez eux et nous trouvent là.

Saint-Renan : photographié une tête de lune à la médiathèque. On va manger : je retrouve une presque semblable sur l’enseigne du restaurant.

Saint-Renan, c’est la ville des têtes de Lune.

Je conduis Arthur au Collège. Devant la grille, toujours le même personnage avec ses tracts et ses pancartes apocalyptiques, qui cherche à recruter. Il joue de la flûte.

C’est une sorte de joueur de flûte de Hamelin, mais que personne n’écoute.

Dimanche : je jette du verre dans le container sur le parking d’Intermarché. Un loup fait son apparition. En fait un grand chien. Son maître le suit plus loin, en béquilles.

Rêvé : Brigitte Fontaine + Areski, turban soufi, puis déambulation, fête de la musique, au fil de l’eau, qui se termine par une dégustation de pâtisseries.

Idée : Le Roi est mort, bien fait pour sa gueule.

Entendu dimanche plage du Moulin blanc : « Et maintenant, une petite grappa pour éponger tout ce vin. »

A la gare, je viens chercher Céline. Un monsieur cherche l’hôtel Ibis. « On y va justement. » Pendant le trajet, il dit qu’il est avocat. « Je viens plaider ». Il sort sa valise du coffre, me sert la main : « Oh, une affaire de merde. »

Maïwenn : « Papa, je sais comment on écrit « Ouah ouah » ! » « Oi, oi ! »

Un pépé place Guérin, qui tient tête à un grand gars plus jeune de quarante : « Ta gueule toi, t’es un vilain ! »

Plus loin, il apostrophe un couple de petits vieux assis sur leur banc : « Salut les faux culs ! »

Entendu, voix d’ivrogne place Guérin : « Hé ! Tu s’rais pas un peu porté sur la boisson ? »

Affichette : « Perdue Mandarine. » En fait, c’est un chat.

Une dame passe : comme elle n’a pas de laisse, elle tient son chien par la queue.

Grand-mère se plaint de ses derniers mots croisés : à la définition « Game of Thrones version française », il fallait trouver « Le Trône de Fer ». Elle n’a pas vu la série.

« Et ça, franchement, « Continent à l’Ouest avec le Nord et Dorne, en 8 lettres ! » Elle s’indigne : « Il fallait trouver Westeros ! »

« Et là c’est le pompon : « Elle est la mère des Dragons » Et la réponse c’est « Daenerys »

Rêve, deux lions énormes dans une arène.

Chez Grand-Mère, son voisin Auguste, 95 ans, vient lui donner des échantillons de sauce qu’on lui met avec ses repas, mais qu’il ne mange pas.

« Et de la vinaigrette aussi. » « Merci Auguste. Auguste fait du yoga. » « Ah bon ? » dis-je. « Oui, dans mon garage. Avant j’allais au Centre, mais maintenant je fais tout seul. Depuis 50 ans environ. Ca me fait du bien. Quand j’ai commencé, j’avais mal partout. Le prof m’a dit il va falloir s’occuper de votre corps, Auguste. Mon corps ? J’avais oublié que j’en avais un. »

« C’est pas compliqué, si tu penses à ton genou très fort, tu vas dans ton genou. L’énergie suit la pensée. »

Au Mouton à 5 pattes, discuté avec M. Sa passion, c’est de régler les problèmes. Je l’appelle Le Docteur Problème.

Il travaille au SAV d’Ikea.

Au moment où il me raconte tout ça, quelqu’un demande quelque chose à quelqu’un. Hop, il intervient, il règle le problème.

Entendu au parc : « Papa, c’est quoi l’ancêtre de la babane ? »

Les dinosaures n’ont pas disparu, ce sont les oiseaux.

Reçu un mail intitulé "Jusypisuq, un lieu intéressant" : "si avez moins de ébahissement dans votre existence, vous pouvez vous divertir désormais. Comment le faire, vous pourrez connaître à cet endroit"

Ateliers à la maison d’arrêt de Saint Malo. Dans la chapelle, où on travaille, une vierge noire, un autel en ciment avec une prise au pied, qui se déchausse.

Restaurant, à côté de bourgeois qui semblent échappés d’un film de Chabrol. La mère est de dos, le père est tout rouge, avec un menton en cou de poulet, la fille est une momie en paraffine.

On ne croise jamais le regard. Le père inspecte la bouteille de vin : "Hé mais on tut tut ! Il va falloir en commander une autre."

Les deux femmes tentent de le raisonner : "non non non" Il persiste, proteste, se débat : "Pour mon fromage !"

Rêve : Tsunami ou geysers, je suis projeté très haut jusque dans des alpages où tout est beau. D’en haut, on voit le bas, qui tourbillonne. L’eau a l’air de se retirer, on va peut-être redescendre.

Dédicaces de Chansons Dragon. "C’est pour qui ?" "Pour Maelys" J’ai toujours peur de faire une faute sur un prénom : "Maelys, M a e... ?" La dame a un accent du sud : " M-e, a-e, e, l-e, y-e, s-e"

"Vous pouvez répéter ? C’est M-e-a-e ?" "Mais non, M-e, a-e, e..."

Matin. Deux gouttes de sang sur ma portière. Pas des taches, des gouttes, perlées.

"Une goutte d’eau est une maquette de l’océan" Henri Michaux