BRIMBORIONS DE FEVRIER Signes, intersignes, coïncidences, ou pas

Lu dans la presse : « Rappel massif d’un reblochon dans toute la France. »

Je reviens d’un footing. Sur mon lecteur, j’écoute de la musique équatorienne. Une dame est assise en haut de la rue, sur le trottoir d’en face. Elle a posé des sacs en plastique autour d’elle. Elle relace une jambière. La musique lui donne quelque chose d’une femme des hauts-plateaux.

Je me dis qu’elle est peut-être tombée et que je pourrais l’aider, mais le temps de traverser la route, elle se lève et s’en va en me jetant un regard noir.

Je descends la rue. Il fait beau. J’ai l’impression de ne plus être dans ma rue, mais dans les Andes.

Une vieille dame très voûtée passe devant chez moi, coiffée d’un bonnet, tirant deux cabas à roulettes. Je me dis d’abord qu’elle avance si lentement qu’elle fait presque du sur place.

Et puis, la musique aidant, je me dis qu’elle ressemble à un indien quechua.

Au moment de pousser la porte de chez moi, elle m’interpelle : j’enlève mon casque. « Vous avez un problème ? » « Je suis dans le pétrin. »

Elle se rend à la gare routière. C’est loin. Je lui propose de l’emmener en voiture.

Il est quatorze heures. « A quelle heure est votre car ? » « Oh, 19h, j’avais pris de la marge. »

Elle a un gros pendentif étrange autour du cou.

Dans la voiture, elle me dit : « Je prends des risques, hein ? Je suis croyante. Je me dis que Dieu mettra bien quelqu’un de bon sur ma route. »

Je lui demande si son médaillon a à voir avec sa croyance. Elle me dit oui. « Ça protège. »

« Vous êtes chrétienne ? » « Ah ben oui, j’ai été chez les sœurs. Ça reste. »

On arrive à la gare. Elle soupire. « En plus, j’ai perdu ma carte de car. »

« Mais bon, c’est comme ça la vie. On perd des choses, on finit toujours par les retrouver. »

Vidéo de calmar géant prise au large du Japon : l’animal est immense, visiblement épuisé, il se laisse filmer.

Je me dis que c’est une journée étrange qui commence. A ce moment-là, une postière sort d’un immeuble et se cogne contre une poubelle. Je lui demande si elle s’est fait mal, elle me dit oui et se met à rire.

Deux mètres après, deux mendiants se disent au revoir avec des politesses à fort volume.

Aussitôt, je suis frôlé par une Bugatti décapotable.

Chez le poissonnier, j’achète du calmar. La poissonnière : « Je vous le prépare ? » Mais je crois que ça l’embête.

En ouvrant le calmar, la poissonnière pousse un cri : « Oh ! »

Elle en sort une petite roussette, parfaitement conservée. Elle la pose doucement sur la glace.

Je lui demande : « C’est une roussette ? ». Elle hausse les épaules, un peu sèche : « Mais non, vous voyez bien que c’est un léopard. »

Soir. On sonne à la porte. J’ouvre. Personne. Je me penche au dehors : un homme marche en bas de la rue. Ça ne peut être que lui qui a sonné. Il tourne la tête, voit que je le regarde, accélère le pas et disparaît au coin de la rue.

Soir : je croise une silhouette toute noire, qui semble avoir, devant sa poitrine, des mains de Nosferatu recroquevillées. En fait, c’est un motif sur son t-shirt.

Histoire racontée par Véro : à une amie qui se faisait fort d’imiter Bart (Simpson), une étudiante en lettres : « Quoi ? Tu sais imiter Barthes ? »

Y. fait son arbre généalogique. Il a un ancêtre qui s’appelait Frumence Eutrope Sostène.

Y. « Ma grand-mère disait qu’il y a deux sortes d’hommes : ceux qui collectionnent les objets, et ceux qui collectionnent les femmes. »

Journal de Paul Léautaud :« Cela dépasse pour moi toute raison qu’un homme puisse s’asseoir à un piano à fabriquer le plus de bruit possible. »

Juan Rulfo, "Pedro Paramo" : « Chaque soupir est un souffle de vie dont on se défait. »

Journal de Paul Léautaud, 1943 : « Cette dernière nuit, vers trois heures du matin, première alerte par les sirènes. Une mélodie affreuse, lente, traînée, modulée, un appel d’angoisse et de désespoir. On aurait vraiment pu choisir autre chose. »

Journal de Paul Léautaud : « Tous les bruits, qui ont tous un rythme, sont de la musique. Roulant dans un train, écoutez le bruit saccadé, répété par instants réguliers, du développement des roues. Il y a une cadence, un rythme. C’est de la musique. »

Journal de Paul Léautaud : « La musique, quelle qu’elle soit, n’est qu’un bruit. Si bien un bruit, que la musique la plus récente est composée des bruits de l’usine, d’un chemin de fer, d’une foule, des cris d’une assemblée. »

Journal de Paul Léautaud : « Dans un chalet voisin, loué pour la saison, toute la journée, un phonographe. Pas moyen de se promener. »

Entendu dans un commerce de jeux de rôles : « Quand je bossais chez X, on relookait des boîtes de pâté et on marquait dessus « Filets de Léviathan » »

« Ah non, des boîtes de Léviathan, j’en ai plus. Tout a un date de péremption, même le pâté Hénaff »

« Le football américain, t’as vu les armures ? C’est du rugby pour les faibles. »

3 heures du matin. On sonne. Je ne me lève pas. On re-sonne. Je ne bronche pas. On se met à sonner sans arrêt : ding dong ding dong. Je me lève, descends l’escalier, ouvre la porte d’entrée : un type hilare, dont l’hilarité cesse dès qu’il me voit.

Il est stupéfait. Il ne comprend pas. « Vous êtes pas Alain ? » « Ah non. » Il secoue la tête, a du mal à admettre.

« Je suis pas chez Alain ? » « Ah non. » Une lumière s’allume dans son œil. « Je suis pas au numéro 9 ? »

« Non monsieur, ici c’est le numéro 7. » Il sourit : « Aaaaah, ben voilà ! » Soulagement visible.

Paula : « Quand mon père a appris que les voisins avaient baptisé leur fils Gaspard, il a dit : « Gaspard ? Mais c’est un nom de cheval ! » »