BRIMBORIONS D’AVANT L’ETE Signes, intersignes, coïncidences, ou pas

Je cours dans le stade derrière le collège AM. Il y a un buisson sinistre, tout noir. Il pleut, puis il fait soleil. Sous les rayons, le buisson se met à briller comme une carrosserie, ou alors exactement comme le buisson ardent.

J’attends un gars pour la chaudière. Je suis à l’étage en train de travailler. Soudain, il m’appelle au téléphone : « J’ai frappé, vous n’avez pas répondu. » « Ah bon ? Revenez, je descends et j’attends derrière la porte. » Au bout de cinq minutes, il frappe, mais si doucement, qu’il est impossible de l’entendre, à moins d’être collé à la porte.

Je le fais entrer. Il parle très bas, fais des gestes très lents. Il demande à voir la chaudière, puis les robinets. Il faut faire couler de l’eau. Il y a un robinet marqué d’un point bleu et un autre d’un point rouge. Il reste indécis : « c’est lequel pour l’eau chaude ? »

Thomas me dit qu’il connaît un gars, une sorte d’ermite. Il vit dans une maison au fond des bois, il ne sort presque jamais. Quand ça arrive et qu’il croise une voiture, il se met la main sur les yeux.

Maïwenn : « Les taupes, c’est tout le temps confiné. »

Il y a six mois, J, qui dirige une grande surface près de chez moi, où je vais faire mes courses, vient me voir dans les rayons, un peu embarrassé, et me dit : « Ça vous dirait de venir au foot avec moi ? »

Je lui réponds que je ne connais rien au foot, que rien ne m’intéresse moins que le foot, et que je suis désolé, mais non. Et puis, rentré chez moi, je me dis que j’ai eu tort. Pourquoi ne pas profiter d’une expérience comme celle-là ?

Quelques mois plus tard, J revient me voir, pour me poser la même question. Entre-temps, j’ai vu « Yes Man » avec Jim Carrey, l’histoire d ’un type qui s’interdit de dire non et qui vit conséquemment plein d’aventures. Cette fois je dis oui.

Au salon Penn Ar BD, une dame a publié son journal de voyage. Elle vient me le montrer parce que je suis cité dedans, suite au spectacle Chansons Dragon, qu’elle a vu avec ses enfants : « On a toujours besoin d’un dragon. »

Vu sur internet : une voiture, filmée d’une autre. Le conducteur prend tous les risques pour doubler par la droite, se rabat, zigzag, heurte un pare-choc, et part en vol plané dans les décors. Ce matin, sur le port de commerce, petite voiture couchée sur l’aile.

Pendant la guerre, la sœur de Grand-mère aperçoit des zeppelins allemands et se met à crier : « Des cochons, dans le ciel il y a des cochons ! »

Dans l’amphi du lycée J, on range nos instruments. La documentaliste, qui nous accueille, s’appelle Binet : elle trouve une moustache postiche par terre, la met. On lui fait remarquer qu’elle ressemble à Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT.

Le lendemain, on apprend que Philippe Martinez est remplacé, à la tête du syndicat, par une certaine Binet, Sophie cette fois.

Dans le train, je regarde par-dessus l’épaule de la dame qui est assise devant moi. Elle travaille sur son ordinateur. Le document s’appelle : « Notes pour l’étude de sujets zéros non humains. »

En fait, c’est une thèse sur « Le non-humain non-nommé en finnois »

Le non-humain non-nommé en finnois, extrait : « Phrase exemple : « Je suis arrivé dans une maison, je ne voulais pas les réveiller, je me suis dit je vais aller dans le sauna pour m’allonger. Et ça s’est mis à chuinter dans le noir. »

Le non-humain non-nommé en finnois, extrait : « La phrase ambiante décrit des événements qui ne sont pas produits par l’humain. Cette idée doit être nuancée. »

Reçu ce mail : « Si votre cerveau vous fait mal après une période de travail, nous vous offrons un soulagement. »

Rêvé d’une grosse araignée qui devient une main, une grosse main d’alien humide, qui marche lentement sur ses longs doigts, se retourne comme pour lancer un défi, puis se carapate doucement dans un coin du meuble.

Au camping de Paimpol. J’entre dans les toilettes. Il fait noir, personne. Mais j’entends, dans un des box, quelqu’un qui essaie discrètement de vomir. Il n’arrive pas, râle tout bas, sort et, passant devant ma porte, me glisse dessous un énorme rouleau, disant d’une voix cassée : « Tiens, si t’as besoin de pq ».

Avant le match, J me présente C, son ami d’enfance. C est un colosse, qui dirige une entreprise dans le sud-finistère. Il essaie de briser la glace : « Tu viens souvent au match ? » « Non, je sais juste que ça se joue avec un ballon. » Ça le fait rire. Je bois une bière, lui un Ricard orange.

« Tu fais quoi dans la vie ? » « Je suis scénariste de BD » Il adore la BD. Il en a 3000. La discussion devient passionnante quand j’apprends qu’il dirige une entreprise de pompes funèbres et qu’il croit aux extraterrestres.

Pendant le match, il m’explique. Il me montre un joueur : « Lui, là, il sait pas tirer au pied. C’est con pour un joueur de foot. »

La dame devant, qu’il ne connaît pas, se retourne et confirme : « Il a deux pieds gauches ! »

Le joueur en question, juste après la mi-temps, marque un but éclatant du pied droit.

C est revenu me voir une semaine après le match, au salon du Goéland masqué, pour se faire dédicacer "Soucoupes". Je lui demande ce que c’est exactement, le Ricard orange. « Ben, c’est du Ricard, mais à la place de l’eau, tu mets de l’orange. »

« Et c’est bon ? » Il rigole, se tape sur le torse : « Ben oui, regarde-moi, 37 ans de Ricard orange ! »

Je sors du supermarché. Je croise une dame, qui me regarde en coin et me dit : « C’est vous le dragon ? »

Bocacce, Décaméron : « Aussi, comme la dame était en train de prendre son bain, entendit-elle les plaintes et les mouvements de Rinaldo, lequel claquait des dents comme une cigogne. »

Pierre Loti, Vie de deux chattes : « Il n’existe pas pour moi d’autres noms qui conviennent mieux, qui soient plus chat que ces deux adorables : Mimi et Moumoute. »