BRIMBORIONS DE PRINTEMPS Signes, intersignes, coïncidences, ou pas

Sur un mur : « Horus ! Horus ! »

Dans le parc, une dame très grosse allongée sur un transat parle à ses deux enfants qui jouent à la bagarre : « Ah ben oui c’est bien beau de chialer, bande de nazes, mais quand vous tomberez sur quelqu’un qui voudra vraiment vous cogner la gueule, faudra bien bouger votre cul putain ! »

La dame en jogging : devant chez moi, elle regarde le vieux lavoir en contrebas. Je lui dis bonjour, elle me dit : « J’aime bien cet endroit, c’est apaisant. »

Elle lève les yeux vers le bas de la rue : « Même si y a la vieille là-bas qui me regarde. » Au fond, à sa fenêtre, une vieille dame immobile.

« Elle est tout le temps en train de me juger, elle me déteste. Mais je m’en fous, je viens quand même parce que l’endroit me plaît. » Elle se tait. Le lavoir est rempli de ronces et de mauvaises herbes. Dans l’eau, deux trois bouteilles vides.

Je recroise la dame en jogging : « j’ai trouvé un tableau dans l’eau, je savais pas quoi en faire, je l’ai mis à côté de votre poubelle. » C’est un portrait, peint à l’acrylique.

Intermarché : une voix publicitaire dit : « Promotion cette semaine. - 25 % sur tous les légumes moches. »

Dans le square, trois SDF tout rouges, dont l’un porte une veste fluo de la sécurité routière. Ils boivent des canettes de Bavaria. Au milieu, sur le banc, une tableau qui représente un coucher de soleil avec écrit dessous : « Tranquility. »

Je me gare près du vieux lavoir. J’entends des voix. La dame en jogging est avec sa fille au bord de l’eau. Elles rient. Au bout de la rue, à sa fenêtre, la vieille est à poste.

Revu sur un mur : « Horus ! »

Arthur a compté les billets du monopoly : 1 million 540 000.

« Je viens du notre planète. »

Discussion avec les voisins. La vieille dame apostrophe des fois le facteur quand il trouve porte close : « Déposez le colis chez moi, on a l’habitude de faire comme ça ! » Quelqu’un la soupçonne de ne pas les rendre tous.

Des ouvriers sont venus et ont tout nettoyé le lavoir. Plus d’herbes folles.

Lamballe : Jean-Bernard Pouy dit à Briac : « C’est bien, votre BD, là, c’est même honteux, la BD mérite pas ça. »

Dédicace à Lamballe. « C’est pour Lou. Ma file s’appelle Lou. C’était prévu d’avance, mais coïncidence : le jour de sa naissance, je ne sais plus quel acteur lisait les lettres à Lou à la radio. Et le plus incroyable, c’est que l’accoucheur était un grand noir du nom d’Apollinaire. »

Lamballe. Gérard me dit qu’il connaît un polonais atteint de synesthésie, cette faculté de percevoir les sons sous forme de couleur. Quand il joue Georgia au piano, comme il la trouve trop marron, il rajoute du bleu.

Lamballe. Gérard me dit qu’il a des amis en Allemagne qui connaissaient Champion Jack Dupree, le pianiste de blues. Son père avait appris dans le sud des états-unis, sur le piano mécanique de son maître, en suivant les touches qui s’enfoncent toutes seules. Il a appris à son fils à jouer suivant la même méthode : il posait les doigts sur ceux de son père.

Arrington de Dionyso au Festival Invisible. Je lui demande s’il a été influencé par le dub. Il dit que oui. Il précise : « ce n’est pas juste une musique, c’est une philosophie. »

Arrington me raconte qu’il s’est promené tout seul dans Brest. Il a trouvé le kiosque de la place Wilson, est rentré dedans, a constaté que c’était une chambre à échos.

Festival Invisible : j’offre un disque appelé « Logé dans la dent creuse du studio préhistorique » à Yves. Il y voit un signe : il s’est fait enlever une molaire la semaine dernière.

Yves croise un type qui est avocat. Il y voit un signe aussi : il s’est entaillé le pouce en pelant un avocat.

Concert à Bannalec : ambiance de village. On se croirait dans Jour de fête de Tati. Au café, le serveur sert la main à tout le monde. La serveuse est callipyge.

Saint Renan : un superbe oiseau, peut-être un héron, planté dans le plan d’eau.

Avec Arthur, on écoute du rock en voiture : « J’aime bien ce morceau, mais il est trop blanc. » Je lui mets un truc plus violent : « Mouais, là c’est gris. »

Les gars venu pour l’entretien de la chaudière parle tout seul en la démontant. « Bon, on va voir ce que tu as dans le ventre. » « Et hop, maintenant, le petit lapin ! » : il utilise une clef universelle accrochée à un porte-clef en forme de lapin.

A la caisse du supermarché, je parle tout haut en tapant mon code de carte bleue et je le dis à tout le monde.

A une époque, mon code de carte commençait par 666. A chaque fois que je le tapais, j’avais l’impression d’être Satan.

Pourquoi, à chaque fois que je tape piano sur mon clavier, ça fait pinao ?

Et pourquoi, à chaque fois que je tape « porc », j’écris « proc » ?

« Il s’endormit, la tête posée sur un oreiller douillé. »

« Il paressait fatigué. »

Une jolie fille, mais elle a la joue qui colle.

Des oiseaux : un rapace sur un poteau, un cormoran sur le plan d’eau.

L’Eglise Saint-Martin, couverte d’échafaudages, fait cathédrale en allumettes.

S me dit qu’elle travaille dans une entreprise qui gère l’organisation du cimetière, son quadrillage, ses répartitions. Elle veut bien que je vienne faire un stage.

Un sage maladroit, dont les propos n’auraient ni queue ni tête et qui s’appellerait Confusius.

J’ai croisé quelqu’un pendant le Festival Invisible qui connaissait David E. Je demande : « C’est un pseudo, non ? » Et il me dit qu’il ne croit pas, non. Personne n’a l’air de savoir qu’il s’appelle en réalité Félicien Cimetière.

J’ai l’impression qu’on marche sur le toit. Et puis ça court, ça dévale. Sûrement des mouettes, mais alors avec des chaussures.

Je rentre du boulot. Lumières mouvantes sur le mur du salon. J’ai l’impression d’être sous la mer.

Pneumaphobique d’Yves Le Tirilly : « Tu n’as pas froid aux yeux, vous. »

Yves Le Tirilly : « On vit une période de super enfer. »

Yves Le Tirilly : « Fumer deux cigarettes en même temps serait une bonne chose pour emmitoufler le brouillard. »

Croisé le bretonnant M au salon de Lenvor. Il a écrit des centaines de livres sur le sujet. Je soupèse un gros roman en breton sur la révolution. « C’est mon quatorzième roman. »

« Et alors, tu as appris le breton depuis la dernière fois ? » Je réponds : « Non, mais je bouquine un livre sur les noms, j’essaye de savoir quel est le sens des noms bretons, par exemple que Pinvidic veut dire le riche. » Il hausse les épaules : « Mouais enfin bon, ça tout le monde le sait. »

Tout le reste du salon, quand je le croise, il me scrute d’un œil accusateur.

Quand je pars, je le recroise et je lui dis au revoir. Il pousse un mmmf renfrogné.

Cette nuit, sensation que mon lit est à la verticale et que je suis accroché au matelas comme à un mur.

SAMU devant l’immeuble de la vieille dame.

Concert de Chansons robot à côté d’Elliant. Quand on arrive, Thomas a déjà garé sa voiture à côté de la porte de service. On a beau faire le tour, on n’arrive pas à trouver par où il est passé. A un moment, on se demande même s’il n’a pas atterri.

Au local des petits débrouillards, où Arthur va tous les mardis, A m’explique le fonctionnement de la petite box : « ça crée un petit internet d’une dizaine de mètres de portée. On peut se connecter et laisser des documents. Chez les agents secrets, on appelait ça une dead drop. »

« Seul l’espion sait que la zone est connectée : il passe, laisse ses données, et disparaît. Avant, on enlevait une brique dans un mur et on laissait des documents, ensuite on a vu des ports usb scellés dans le béton. Maintenant, on laisse en wifi. »

« On pourrait même envisager la possibilité de circuler sur un vaste espace en passant d’une dead drop à une autre. »

« Sur le quartier Saint-Martin, on pourrait créer un Saint Martinet, qui serait constitué de plein de petites dead drop mises bout à bout. »

Petits débrouillards : grâce à des capteurs, on peut jouer du piano en appuyant sur des fruits. Maïwenn fait du boogie-woogie à un doigt sur l’orange.

En approchant ses doigts de la banane, mais sans la toucher, Christophe arrive à créer une nappe.

Des conséquences apocatalyptiques.

Projet de BD autour du quartier de la Défense : Kris me propose d’y participer, et me dit qu’il y a sous la Défense une cathédrale engloutie.

Il y a aussi un dragon de trente mètres dans un atelier souterrain, créé par un plasticien aujourd’hui décédé.

Personne ne peut plus le voir, pour des raisons de sécurité. Personne n’utilise non plus la gare fantôme, qui fait 200 mètres de long et n’a jamais servi.

Dans les sous-sols de la Défense, il y a aussi l’atelier de Patrice Moullet, le compositeur de Alpes/Catherine Ribeiro. Il y fabrique des instruments gigantesques.

Je viens d’acheter son disque enregistré là-bas : Rock sous la dalle.

Cette nuit, je me réveille à moitié et je suis tenté de regarder l’heure. Mais comme à chaque fois que ça m’arrive, je m’aperçois qu’il est 4h00 du matin et que je n’arrive pas à me rendormir bien, je décide de ne pas le faire.

Je m’endors content d’avoir résisté à la tentation.

J’entends un enfant qui crie et qui cogne sur le mur. C’est Arthur en fait, qui nous dit de nous réveiller car il est 8h10 et on n’a pas entendu le réveil.

Concert de JB blues chez Müller. Un type tape dans le dos de Kevin Wright, grand guitariste de blues brestois, et lui dit : « Hé ben à côté, toi, on peut dire que t’es vraiment un nain. »

Réveil : je regarde les corpuscules noirs qui nagent dans mes yeux. Je cherche à faire le point. Soudain, l’un d’eux se transforme en une sorte de losange citroën.

Hier soir, croisé un type qui m’a donné une nouvelle qu’il a écrite. Il avait l’air très ému. Il m’a dit : « Le problème, c’est que j’aime beaucoup Fredric Brown et je crois que ma nouvelle est pompée sur l’une des siennes. »

A la bibliothèque, vu R, sa casquette en cuir vissée sur la tête, assis, tenant une fille par les épaules et lui parlant face à face, les yeux dans les yeux, presque à la toucher.

En repartant, je vois qu’il est toujours là. On dirait qu’il cherche à hypnotiser la fille. Il murmure : « Tu comprends ? Tu comprends ? »

Je repasse devant la bibliothèque en voiture. Ils sont debout sur le trottoir. La fille le regarde avec des yeux étranges, comme envoûtée.

Dans les toilettes de Pascal et Jéjé, je trouve un petit livre de Plutarque sur le bonheur.

En quittant Paris, je vous une affiche de spectacle par la vitre du train : « Le bâton de Plutarque. »

Cinéma L’image à Plougastel : on a des entrées gratuites pour le Hobbit 3 3D et j’y emmène Arthur, Anouk et Margaux. A l’entrée, à la caisse, un monsieur moustachu pousse un soupir de mépris quand je lui montre les lunettes 3 D que j’ai pensé à apporter : "Vous pouvez toujours les mettre, vous ne verrez rien, enfin essayez toujours."

Devant lui, un parterre de lunettes dernier cri : "Ca marche qu’avec celles-là, c’est 2 euros pièce la location."

Il nous tend un petit sachet type rince doigt avec chaque paire, et nous fait un sermon que personne n’écoute.

Anouk a essayé les lunettes, il s’emporte. "Oh les enfants, qu’est-ce que je viens de dire, hein ? J’ai dit quoi ? Faut écouter les enfants ! Alors comme je suis gentil je vais répéter : les lunettes ont été portées par d’autres que vous, et il faut les désinfecter. Pas les carreaux, vous avez bien entendu, pas les carreaux ! Mais les montures, et là, sur le support qui va sur l’arête du nez, comme ceci."

Dans le cinéma, on essaye les lunettes. Elles clignotent, sauf celles d’Arthur. Je retourne à la caisse. "Elles ne doivent pas fonctionner, elles ne clignotent pas", lui dis-je. Il râle, m’accompagne dans le cinéma, me tend une paire puis une autre. "Là ça marche". "Et la première paire ?" "Je l’ai reposée sur votre guichet" Il hausse les épaules : "Pmmf."

A une demi-heure de la fin du film, les lunettes d’Arthur ne marchent plus. On échange, je regarde la fin en brouillé.

En partant, je retourne voir le monsieur : "Elles marchent pas vos lunettes." Il s’empourpre : "Pff, il fallait les ramener !" "Oui, mais à une demie-heure de la fin du film, j’aurais tout raté." Il râle, je dis : "Vous n’allez quand même pas dire que c’est de ma faute si vos lunettes sont défectueuses, non ?"

Je quitte le champ de bataille des cinq armées laissant le moustachu vaincu.

Croisé D au jardin d’enfants. Il tient une cigarette roulée énorme et tordue. Il me donne un papier photocopié avec l’adresse de son soundcloud. Je lui dis que j’ai déjà été écouter ses chansons. Il m’écoute à peine et se lance dans une diatribe sur la fin du monde.

« Là, c’est le monde qui change, un profond profond changement. Tout va être modifié. C’est même plus un monde matérialiste, c’est un monde matérialiste dominé par la machine. »

« Et les gens là partout ? Des oies blanches face aux tueurs qui vont arriver ! »

« Bob Marley l’avait déjà chanté. Les gens n’ont pas écouté Bob Marley. Moi je l’ai vu en concert à Paris. Il disait que rien ne pourrait plus jamais les arrêter. Hein ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Quand on y pense, c’est terrifiant. »

« Mon écharpe, je l’ai achetée à Tout à deux euros – bon, elle est bien, j’en suis content, mais elle a été tricotée par des gamines au Bangladesh, dans des conditions je te raconte pas. Et si t’es syndicaliste là-bas, hé ben t’es violée. »

« Moi j’ai écrit des chansons là-dessus. » Il cite deux ou trois couplets. « Tu vois, je dis tout. TOUT est dit. Et personne n’écoute. »

« J’ai écrit des livres aussi, personne ne veut les éditer. Ils trouvent ça intéressant, mais quand ils voient vraiment ce qui est dit, et comment c’est dit, sans fards, ils hésitent. »

« Là j’attends une réponse. Normalement, ils envoient une lettre type au bout de deux mois. Là ça fait trois. C’est vraiment n’importe quoi. »

« Et Bob le dit, si tu écoutes bien, dans Natural Mystic : « Beaucoup vont mourir. »

Il reste un moment avec sa clope éteinte dans les doigts, ému.

Au moment de partir : « Bon, et n’oublie pas, hein ? Dans la vie, il faut avoir une vision. »

Arthur à table : « C’est quoi la chose la plus étrange que vous ayez vue ? »

Massacre dans les locaux de Charlie Hebdo. Après deux jours de cavale, les deux tueurs se barricadent et meurent dans une imprimerie.

Toilettes des profs : coincé dans les tuyaux au plafond, un sachet désodorisant. La marque : Uriwav.

Arthur : « Une éclipse solaire, c’est la lune qui passe devant le soleil. Une éclipse lunaire, c’est le soleil qui passe devant la Lune. »

R est à l’hôpital. Elle est très malade. Elle dit : « Bon, ben c’est râpé pour les soldes. »

Nuage en forme d’enclume froide.

J’ai rêvé que je couchais avec une fille que je connais, mais dont le corps blanc et maigre me dégoûtait.

En voiture à Kérinou, j’aperçois une femme qui marche sur le trottoir et soudain, sourit. Un beau sourire qui s’adresse à quelqu’un, mais en face d’elle, personne.

Je repasse quinze minutes plus tard. Elle est un peu plus loin, marche dans l’autre sens, et sourit à nouveau, l’air de reconnaître quelqu’un. Mais il n’y a toujours personne.

Rêvé que je devais déplacer un poulpe d’un aquarium à l’autre. Pour finir, je le mettais sur ma tête et il se mettait à me parler.

On a des poux. Lotions, shampoings. J’en ai rêvé cette nuit. Au club des Petits débrouillards, où je vais chercher Arthur, j’arrive en pleine galette des rois. J’ai la fève. Je me retrouve avec une couronne sur la tête.

Je regarde le projet de couv de l’album de Centre du monde : il porte un t-shirt Johnny Hallyday route 66. Je m’assieds à mon bureau : un élève y a oublié une trousse route 66.

Brimborions de la tournée dans l’Est :

Sur l’autoradio, Thomas a mis un morceau de Charlélie Couture.

A Sausheim. La veille, la scène était occupée par un hypnotiseur de foules, Mesmer Le Fascinateur.

Je traîne dans les loges, espérant trouver une trace de son passage. Mais tout est nettoyé et bien rangé.

Le régisseur nous dit, larme à l’oeil, que Thiéfaine joue souvent ici et qu’il est ici chez lui.

Thann. Grande affiche de Charlélie Couture, qui a joué là récemment.

On arrive dans la salle. Le technicien teste sa sono avec un morceau de Thiéfaine.

Son téléphone sonne : c’est Ring of fire de Johnny Cash.

Sausheim : sur le mur, « Il faut choisir des epi adaptés ». Thann : « Singes chromé en concert ».

Thann : je m’assieds dans un fauteuil de la salle. J’ai l’impression qu’il bouge comme s’il était en gelée.

***

J’ouvre les volets. Je crois voir une main coupée sur la lunette arrière de la voiture garée juste en-dessous. Je me dis que ça doit être un gant.

En fait non, c’est une main coupée, avec des bouts de tendons. Je me dis qu’elle doit être en plastique.

Devant la boulangerie, un SDF déguisé en lapin qui tient une pancarte : « Sans terrier ni crottes. »

Au marché avec Maïwenn. Elle s’arrête au pied de tous les arbres et soupire en tentant de mettre ses bras autour du tronc : « Oh il est dur à grimper cet arbre. »

Arthur me montre ses photos de Vacances. Il a trouvé une clef posée sur un menhir. Le chiffre 18 est gravé dessus.

Je lui dis que ça doit être un chiffre symbolique. Il me dit : « Pour moi c’est le chiffre de l’eau. » « Pourquoi ? » « Parce que c’est le numéro des pompiers. »

Rêvé que je faisais cours et que par la fenêtre, la campagne s’assombrissait. Soudain, un éclair bleu tombe sur les champs, et tout devient bleu. J’essaye de rassurer les élèves : « Ca ne doit pas être bien grave. »

Avant, lorsque j’emmenais Maïwenn voir la mer, elle lui disait bonjour. « Bonjour la mer ! »

Hier, je dis : « Bonjour la mer ! » Et elle dit : « Non, elle a pas de boubouille. »

Boubouille c’est visage. Elle ajoute : « C’est que de l’eau ».

Au feu rouge, derrière une voiture. Sur le pare-brise arrière, écrit à l’envers une suite de consonnes qui ne veulent rien dire : Csrhsrtt.

En fait, il faut peut-être lire Carhartt. Ce serait un fabriquant de gants.

Ca n’explique pas pourquoi le nom est écrit à l’envers.

L’éclipse était décevante : il a juste fait gris sale, pas nuit.

Du coup, le soleil revient, mais les oiseaux, les arbres et les gens ont l’air plus fatigués qu’avant.

Je vais courir juste après l’éclipse. Tout a l’air couvert de cendres.

Maïwenn me grimpe dessus en criant « Caca boudin ». Je lui dis : « On touche le fond ! » Elle me touche le front.

Croisé un type en costume d’Arsène Lupin, avec une canne à pommeau, qui faisait les cent pas à côté du Rock circus.

Le lendemain, croisé un autre type rue Boileau, habillé de la même manière, avec la même, canne.

Il y a du vent. Dans les feuilles du palmier du voisin, j’ai l’impression de voir une grosse tête de dieu aztèque.

A l’heure du coucher, Maïwenn a peur du vent. Elle se rassure : « Il a pas de boubouille. »